Le merveilleux défi de la théière

9 avril 2014
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La céramiste Fabienne Synnott aime façonner l’argile depuis son plus jeune âge. Elle a acquis sa formation à l’Université McGill, auprès de Richard Lynn Studham, un potier britannique.

Inspirée par la céramique asiatique, elle est particulièrement touchée par les glaçures traditionnelles du Japon : Shinos, céladons, tenmokus, Kakis. Pour elle, ce qui rend les objets du thé si particuliers c’est leur fonction rituelle. Elle tend d’ailleurs à attribuer cette dimension aux autres objets de la table.

Lorsqu’on la questionne sur son métier, elle trouve les mots pour exprimer son amour de la céramique: « Mes mains sont deux entités autonomes. Elles savent quoi faire quand je les mets au travail. […] Je suis inspirée par la nature et ses mille visages. Les textures et les motifs du règne végétal m'intéressent. J'adore la lumière et sa façon de tout transformer. Je peux être très émue à la vue de la lumière qui change la couleur d'une feuille.  Les symboles archétypaux comme la déesse et le guerrier me fascinent aussi. »

Elle apprécie la diversité et la complexité de chaque étape de son travail. Cependant, c’est au moment de sortir les pièces du four qu’elle trouve sa plus grande satisfaction. « Cuisant au gaz ou au bois, je travaille à préparer le terrain le mieux possible, afin que le feu laisse sa trace. La réduction d'oxygène, caractéristique de ces cuissons, transforme le fini des pièces en y laissant une palette de nuances que je trouve magnifique. Lorsque la transmutation se produit, je suis vraiment transportée au contact des pièces que le four m'offre. »

Par-dessus tout, elle aime la théière, dont la fabrication représente pour elle un merveilleux défi : « Je dis défi, car c'en est bien un! Voyez-vous, une théière est fabriquée en quatre morceaux qui doivent être tournés plus ou moins au même moment et qui seront ensuite tournassés, taillés et assemblés. Je traite chaque théière comme une sculpture à part entière. Je recherche autant l'harmonie esthétique que le plaisir d'utilisation par une bonne tenue en main, un bec qui verse bien, un tamis qui retient les feuilles sans bloquer, un couvercle qui ajoute une touche d'originalité et reste en place lorsqu'on verse.  Tout ça dans un objet que je veux unique et bien équilibré. Oui, c'est un beau défi à chaque fois!  Et que dire lorsqu'une de ces théières sort du four particulièrement bénie par le feu?! »

Elle aime boire le thé dans une fine porcelaine tout autant que dans un grès brut à l’engobe craquelé : « J'ai une collection très diversifiée de céramiques à boire. Tout est question autant d'humeur que de cépage.»

Fabienne Synnott vit et travaille à Québec. Elle prépare une résidence de création au Japon, en 2015

CÉRAMISTE D’ICI

Faites la rencontre d’artisans du Québec qui se passionnent pour les objets et l’art du thé. Tous les deux mois, les pièces d’un créateur différent seront présentées dans cette vitrine unique, vous permettant d’apprécier la qualité et la formidable diversité du travail des céramistes d’ici.

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