Yixing : L’empreinte du Dragon de feu

27 novembre 2015
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Produites depuis plus de cinq cents ans à partir de grès provenant des mines de la région de Yixing dans le Jiangsu, ces théières ont été façonnées suivant différents styles. Déployant une impressionnante variété de formes, certaines évoquent la nature et d’autres, plus classiques, sont fidèles aux idéaux d’harmonie. Elles ont conquis les adeptes des dynasties Ming et Qing, tant pour leur raffinement esthétique et poétique que pour la qualité des liqueurs qu’elles dévoilaient.

Les collectionneurs d’objets et amateurs de thé des dernières décennies les ont redécouvertes et appréciées, ravivant et réactualisant leur utilisation moderne. Avec ce regain de popularité, certains potiers en ont profité pour expérimenter de nouvelles techniques de fabrication.

C’est le cas entre autres de Mme Sheng qui nous signe des théières en terre Duan Ni cuites six fois plutôt que deux! L’intensité et la durée de la cuisson ont un effet direct sur le résultat final. Si une cuisson régulière de la terre Duan Ni lui procure une apparence jaune pâle, une cuisson optimale lui confère un jaune riche, tandis que surcuit, la couleur tend vers l’orangé. La même terre, cuite en réduction, arborerait plutôt des teintes de gris.

La composition de la terre selon ses différents constituants (silice, quartz, kaolin, mica, fer,…) influence aussi énormément le résultat. Sans entrer dans une étude des différentes terres, le taux de fer présent aura entre autres un effet sur la couleur finale. Ainsi, de faibles concentrations (4-7%) donneront des teintes de jaune, tandis que des concentrations plus élevées produiront des teintes de gris (10 %), de brun plus foncé (13 %), en allant jusqu’à du rouge (14-18 %).

C’est ainsi que celles de Mme Sheng développent au gré des cuissons (cinq au gaz et la dernière au bois) une apparence orange foncé, marquée de petites taches tirant sur le gris brun, reflets de ces micros agglomérations de fer. Ces théières ont alors l’étonnante particularité de soutenir la force magnétique d’un aimant !

En creusant un peu dans l’histoire, on se rend compte que jusqu’à tout récemment, des cuissons étaient encore exécutées dans des fours Dragon à plusieurs chambres, installés à flanc de collines, et opérant de longues cuissons à haute température sur plusieurs  jours (et nuits). Les résultats pouvaient donc varier selon les conditions naturelles à l’intérieur des fours. Aussi avec la modernisation et l’utilisation des fours à gaz et électriques, la possibilité de faire deux cuissons plus courtes apparut, permettant ainsi de corriger certains défauts apparaissant après la première cuisson.

Ce phénomène récent des multiples cuissons, entre autres porté par Mme Sheng, est donc parfois connu sous le nom de Duan Ni « haute température » en lien à l’utilisation « des anciens fours Dragon ». Les artisans s’inspirent de ces méthodes et tentent de reproduire les effets obtenus à l’origine. Ainsi, alors que la grande majorité des yixing sont maintenant cuites au gaz, la dernière cuisson au bois rappelle la méthode de cuisson traditionnelle.

Au-delà de ces informations plus techniques, ce sont les qualités esthétiques et gustatives des yixing qui sont recherchées et qui séduiront les yeux et palais des amateurs. Ces théières poreuses se bonifieront ainsi avec leurs utilisations répétées. Une invitation à venir voir et toucher ces pièces uniques dans l’une de nos boutiques.

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