Thé et littérature : Véronique Côté + Guei Fei

10 août 2018
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La vie habitable : Poésie en tant que combustible et désobéissances nécessaires

La vie habitable de Véronique Côté, un essai qui se lit d'un trait avec un franc sourire aux lèvres (et parfois une larme à l'œil), est une apologie des petites révoltes, qui deviennent de précieuses éclaircies lorsqu'on leur laisse l'espace nécessaire pour émerger.

Nous invitant à «compter les lucioles», l'autrice ranime notre désir de poésie. Mais pas simplement une poésie en tant que genre littéraire ̶ texte en vers, parfois obscur et souvent malaimé ̶ mais plutôt en tant que mode de pensée, comme une grille d'observation qui ferait émerger des beautés et des joies insoupçonnées. L'autrice nous incite à avoir le courage de laisser libre-cours à nos pensées, à faire des associations qui surprennent par leur fraîcheur éclatante, afin de rendre nos vies plus habitables.

Accompagnant la prose inspirante de Véronique Côté, le Guei Fei saura aussi étancher votre soif de poésie; tous deux naissent «spontanément du choc d'images, de la mêlée de sens, de l'accident» (p. 14). En effet, wulong taiwannais, le Guei Fei est un bijou original dans l'industrie du thé; certaines plantations près des monts Dong Ding furent envahis par une espèce d'insecte, le Jacobiosa formosana, à l'instar des thés renommés de type Bai Hao. Résultat? Des feuilles semi-oxydées et gorgées d'huiles essentielles qui produisent une liqueur ambrée, harmonisant des notes de fleurs printanières et de pain brioché à la cannelle, bien soutenues par une texture soyeuse et persistante. Enivrés de quelques tasses de Guei Fei, vous serez d'autant plus portés à capter les nuances et les reliefs d'un quotidien apparemment sans éclat, à trouver de la couleur là où vous l'attendiez le moins.

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