Chanoyu: Araichakin, une procédure de la fraîcheur

19 août 2010
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Le Chanoyu (茶の湯 , littéralement « eau chaude pour le thé » ) est la cérémonie traditionnelle du thé au Japon, consistant tout simplement à préparer le thé pour ses invités. Elle exige toutefois qu’il soit préparé et servi convenablement, en respect avec les valeurs culturelles, spirituelles et sociales rattachées à cette pratique, dans un rituel particulièrement codifié. Influencée par le bouddhisme zen, la cérémonie du thé est régie par des règles très précises qui ont été définies et peaufinées au fil du temps, depuis le XIIe siècle, par les grands maîtres de cet art du thé en poudre, le Matcha.

La cérémonie peut se dérouler de plusieurs manières différentes. C’est l’hôte qui choisira la procédure appropriée et préparera le thé en fonction de paramètres bien précis tels que le grade social de l’invité, les circonstances ou les événements, la saison, etc. Le moindre détail devra être pensé en fonction de ces paramètres afin de créer l’harmonie, de respecter les principes du chanoyu et d’offrir l’expérience la plus agréable possible à chacun des invités.

Que ce soit par l’arrangement floral, la calligraphie ou la peinture présenté dans la salle de thé, l’encens, la tenue vestimentaire ou encore le choix du chawan (茶碗 ) — le bol à thé — l’hôte pourra faire preuve de créativité et d’esprit afin de créer un environnement favorable et en accord avec la procédure choisie. Il devra cependant le faire avec subtilité et raffinement; il sera alors de mise de suggérer ou d’évoquer plutôt que de s’exprimer directement.

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Araichakin ( 洗い茶巾 , « laver le tissu à thé » ) est une procédure qui consiste à présenter les principaux objets de la préparation du thé sur et dans un chawan qui contient de l’eau pure afin d’évoquer la fraîcheur, les jours de grande chaleur de l’été.

Lorsque l’hôte pénètre dans la salle de thé avec le chawan contenant l’eau et les objets, ses invités — déjà installés — comprennent alors qu’il veut les mettre à l’aise et les soulager malgré la température chaude.

Il faut savoir qu’il s’agit d’une procédure informelle, dite tokushu. Communément, ces objets ne seraient pas nécessairement déjà dans la salle de thé, il n’y aurait pas d’eau fraîche dans le chawan et les objets n’y seraient pas humectés comme dans une procédure formelle, dite hirademae; procédures de base qui serait employée si l’invité était un haut dignitaire, par exemple.

Dans le chawan, on disposera le chakin ( 茶巾 ), une toile blanche en lin, de forme rectangulaire qui sera utilisé pour le nettoyage du chawan. Celui-ci est en partie submergé dans l’eau; il sera plus tard essoré avec les mains, devant les invités, toujours pour suggérer un rafraîchissement. Nous trouverons aussi le chasen ( 茶筅 ), le fouet de bambou qui servira à fouetter le matcha, appuyé sur le bord du chawan avec les brins dans l’eau, posé sur le chakin submergé. Et enfin, le chashaku ( 茶杓 ), l’écope de bambou qui fait office de cuillère à thé.

Des hirajawan, convenables pour araichakin

On utilisera un hirajawan, un bol dont l’ouverture est évasée. Ce type de chawan est utilisé l’été, car son ouverture élargie favorise la dissipation de la chaleur, ce qui permettra à l’hôte de servir un thé moins chaud lorsque la température de la saison est élevée.

Remarquez, sur les photographies de la procédure, que notre hôte a choisi un chawan en verre. Il s’agit là d’un objet plus moderne; la céramique aurait été un choix plus traditionnel. Toutefois, le choix est ici très indiqué, original, habile et en accord avec les principes de la cérémonie du thé. Il est clair, dans ce cas, que le verre vient de lui-même appuyer l’intention de fraîcheur, de légèreté. Il met en évidence l’eau, l’élément qui est au cœur de l’évocation suggérée et qui est aussi le support du thé. Notez, sur ce chawan, la belle figure de bambou, un arbre souvent utilisé pour représenter l’été dans les cultures asiatiques. On peut saisir la compréhension inspirée du chanoyu qu’a le potier qui l’a réalisé et, aussi, le lien qui se crée entre lui et l’hôte de cérémonie, à travers la poterie.

Pourrait-on dire qu’il y a une place pour la créativité et l’inspiration personnelle dans le chanoyu, malgré la rigueur de ses principes et de ses procédures?

Cela vaut bien un rafraîchissement,

Bon thé!

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