Dégustation : Pu Er Youle 2008

22 avril 2018
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PuEr Youle 2008


La montagne de Youle dans le sud du Yunnan est reconnue depuis plusieurs siècles comme l’un des plus importants terroirs de thé en Chine. Son nom apparait déjà dans les archives impériales de la dynastie des Qing (1644-1912) comme l’un des six plus grands noms de montagne pour la production de thé Pu’Er à l’époque. Trois siècles et demi plus tard, sa production a certainement changée, mais contrairement à beaucoup d’autres, elle garde encore aujourd’hui un caractère rustique et artisanal qui tend à disparaitre ailleurs en Chine. À Youle, la modernité arrive lentement. Juste à sortir de son papier la galette, défaire quelques feuilles avec les doigts et l’air sent déjà bon la montagne : routes de terres et ciels ouverts.

Dégustation en gaiwan - 5g de feuilles

Rinçage – On reconnait tout de suite les chaudes odeurs de montagnes qui montent au nez. Villages reculés, toits de tuiles mouillés par la pluie puis chauffés par le soleil, animaux en libertés, végétation sauvage…

Première infusion - 20 secondes

Étonnamment végétale malgré dix années de vieillissement. L’impression en bouche est plutôt nette avec des notes de raisin sec, de pruneau, de sarrasin et une pointe de tabac frais. Je remarque avec surprise que la liqueur est plus sucrée qu’amère.

Deuxième infusion – 20 secondes

Les feuilles dans le gaiwan commencent lentement à se défaire. C’est le côté fruité du thé qui se révèle avec le plus de force : raisin sec encore, mais aussi quelque chose de sucré/acide comme la pelure de pomme. Finale très différente de la première infusion avec une forte impression de menthol, une fraicheur qui engourdit un tantinet la langue.

Troisième infusion – 25 secondes

Ce sont finalement les arômes boisés et terreux qui commencent à prendre le dessus : tabac frais, encens, bois de santal, camphre… le thé laisse une grande impression de rusticité, un produit de la terre travaillé sans excès de finesse, par et pour les paysans.

Infusions quatre à six – 30 à 80 secondes

Cuir, menthol, aneth. Beaucoup plus dense et plus intense qu’au début, mais sans perdre cette rondeur fruitée (raisin sec) qui équilibre merveilleusement le mélange. Les infusions les plus longues montrent la force d’un terroir millénaire : les feuilles de vieux arbres présentent certainement leur part de tanins. Trop longtemps dans l’eau chaude et l’amertume prend la bouche, le menthol gèle la langue et l’astringence sèche les dents. Mais quel délice…

Le thé donne encore de nombreuses infusions et chacune exprime ses différences. Résultat d’un entreposage sec dans notre cave de vieillissement à Montréal, le Youle 2008 est magnifiquement intense et contrasté, à l’image des habitants de la région.

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