
Le Zhu Ye Qing, thé sacré du Sichuan
Le Zhu Ye Qing apparut dans l’histoire du thé au début des années 1960. Sa création est attribuée à un moine qui vivait au sommet du mont Emei, et son nom, qui signifie « feuille de bambou », lui a été donné par le ministre Chen Yi lors de son passage au plus vieux temple du mont Emei, le temple des Dix Mille Ans, en 1964.
Le mont Emei, sur lequel on cultive le Zhu Ye Qing, est l’un des quatre monts bouddhistes sacrés de la Chine. On y trouve le plus ancien temple bouddhiste du pays et de nombreux monastères qui attirent des milliers de pèlerins à la recherche de manifestations religieuses et d’expériences mystiques. La « mer de nuages » qui masque le paysage entre les sommets rocheux et la fameuse « lumière de Bouddha », cet incroyable phénomène de réfraction de la lumière, en ont fait une destination touristique prisée.
Situé dans le Sichuan, province du centre-ouest du pays, le mont Emei abrite des jardins de thé depuis très longtemps. Nous y avons constaté, un peu partout dans les villes et les campagnes, une consommation massive de thé, qui nous a semblé beaucoup plus importante que dans les autres provinces chinoises. Dans la rue, comme dans les nombreuses maisons de thé, on boit le thé vert dans de gros gaiwan et non dans des verres, comme c’est la coutume ailleurs en Chine.
Le climat du Sichuan permet de produire des thés très tôt dans l’année. Les premières récoltes débutent généralement à la mi-février. Ainsi, les premiers thés verts qu’on trouve dans les marchés au printemps proviennent souvent de cette province.
Le thé vert le plus célèbre du Sichuan est le Zhu Ye Qing. Ses feuilles vert foncé sont aplaties et façonnées, et les connaisseurs, pour en apprécier leur apparence lisse et sans duvet, préfèrent les infuser dans un verre. C’est d’ailleurs l’un des plus beaux thés verts chinois à admirer.
Sur le mont Emei, les pèlerins sont nombreux à contempler la « lumière de Bouddha » en dégustant le Zhu Ye Qing au caractère vif. Devant un tel spectacle, ils lui confèrent sans doute des qualités mystérieuses et sacrées…
Rencontre avec Mme Zhou, productrice de thé du Mont Emei
Nous avons rencontré cette productrice lors de notre première exploration du Sichuan, alors que nous étions à la recherche du Zhu Ye Qing. Étonnés de voir une femme dans la trentaine aux commandes d’une entreprise familiale, nous avons cherché à en savoir davantage sur sa vision du monde du thé.
Votre famille travaille-t-elle dans le monde du thé depuis longtemps ?
Depuis quelques générations, mais tous n’ont pas travaillé de la même façon. Mon grand-père, un homme d’affaires, produisait du thé pour le vendre. Mon père, lui, cultivait le thé uniquement pour notre consommation personnelle. Moi, quand j’ai commencé à produire du thé en 1996, tout se faisait à la main. J’espérais pouvoir en vivre. Aujourd’hui, nous avons une fabrique semi-artisanale et toute la famille participe à l’entreprise.
Mes parents vivent à la campagne et gèrent tout ce qui a trait à la récolte et à la transformation du thé. Mon frère, ma soeur et moi, nous nous occupons de la vente.
Est-ce difficile d’être une femme dans le monde du thé ?
Les hommes sont encore majoritaires dans le monde du thé, mais ce n’est pas toujours un désavantage pour moi. Physiquement, c’est un travail exigeant. Surtout quand les journées se terminent tard et qu’il faut régler toutes sortes de problèmes commerciaux. Mais, dans ces moments-là, une femme est souvent plus méticuleuse et plus patiente…
Préférez-vous expérimenter avec le thé ou poursuivre la tradition ?
J’aime expérimenter de nouveaux thés. En plus du Zhu Ye Qing, mon thé principal, j’élabore d’autres thés qui s’apparentent aux Bi Luo Chun, Long Jing, Huang Ya et Bai Hao Yin Zhen.
D’après vous, comment sera le monde du thé en Chine dans dix ans ?
Je crois que de plus en plus de jeunes de ma génération aiment boire du thé. Les nombreux produits qu’on aromatise avec du thé, comme les mooncakes, les friandises, les graines de tournesol, sont aussi très populaires chez les jeunes. D’après moi, le thé en Chine est dans une période de grand développement. Les Chinois commencent tout juste à profiter d’une meilleure vie. Depuis 2004, le marché du thé a connu une croissance phénoménale ! Dans dix ans, d’après moi, ce sera encore plus grand.
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