Notes de dégustation : Dong Ding Compétition mention spéciale numéro 5

4 décembre 2019
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Dans la salle de cours, une dizaine de chaises étaient rassemblées en prévision de la soirée à venir. Jasmin et Delphine terminaient de mettre sur la table les derniers accessoires. Gaiwans, théières yixing, tasses à thé… tout était prêt pour une soirée de dégustation. Chacun prit place et, une à une, les chaises se remplirent. L’événement rassemblait le personnel de la boutique de Québec plus quelques ami(e)s proches. Nous étions prêts pour un Tea Night.

Pour les employés du Camellia Sinensis, ces soirées sont à ne pas manquer. Elles véhiculent beaucoup d’excitation. Non seulement sont-elles toujours à la hauteur de notre enthousiasme, mais elles représentent également pour nous l’occasion de goûter certains thés plus rares, des lots parfois difficilement accessibles. Pour plusieurs, c’est là un des intérêts majeurs de notre travail.



Ce soir, nous avons une dégustation spéciale. Elle nous vient de M. Nen Yu, un de nos producteur taïwanais et membre du panel de juges à la compétition de thé annuelle de Luku. Chaque année, M. Nen Yu goûte et évalue les meilleurs wulong de Dong Ding, les lots artisanaux que les producteurs réservent à l’occasion de la compétition. Et à travers lui, nous avons la chance d’en goûter nous-mêmes quelques-uns. Cette année, il nous a fourni deux lots : l’un est classé « premier grade » (parmi les meilleurs 2 % des 5000 + entrées en lice) ; et l’autre porte la « mention spéciale numéro 5 » (littéralement la cinquième position de la compétition). Au centre de la table, une petite boîte rectangulaire aux couleurs de l’entreprise attend patiemment d’être ouverte. On y lit Dong Ding compétition mention spéciale #5.



Pour lancer la soirée, quelques curiosités trouvées ici et là font office de mises en bouche : un Shui Xian des monts Wuyi non torréfié; un wulong japonais de l’île de Kyushu ; et même un thé blanc fait par Jasmin lors de son passage chez nos producteurs en Colombie. De bruyants slurp font écho dans la salle. Les conversations alimentées par nos impressions de dégustations s’étendent rapidement. Nouveaux thés, nouvelles expériences… l’excitation bat son plein lorsque Jasmin s’étire au-dessus de la table pour saisir la petite boîte. Pour la plupart d’entre nous, c’est une des rares (sinon l’unique) opportunités de goûter ce genre de thé. La politique d’entreprise restreint les achats employé(e)s. Ces lots nous arrivent en quantités si limitées que les ventes à l’interne sont interdites. Lorsque l’occasion se présente d’en faire la dégustation, chacun s’attelle consciencieusement à la tâche. Produits selon les méthodes traditionnelles avec torréfaction sur charbon de bois, les wulongs de Dong Ding exhibent une profondeur et une complexité étonnantes, parfois même difficiles à saisir. Dans un tel contexte, l’attention est de mise.



Dès les premières infusions, les commentaires fusent. Quelqu’un dit que le thé sentait le pain de sarrasin grillé, un autre le miel chaud et ailleurs, on lui a trouvé des odeurs de café. Le thé offrait déjà plus que ce que nous nous attendions. 10 grammes de feuilles dans un large gaiwan et chacun semblait avoir reçu une part différente. Le thé roulé en petites billes ne s’était pas encore ouvert que nous étions déjà séduits. La finesse des arômes, la vivacité des parfums et la clarté du goût rendaient difficiles les descriptions. Les comparaisons manquaient de justesse : caramel brûlé, mélasse, fruits sauvages, pâte d’amande, fleurs printanières, bois torréfié… tout semblait vrai, mais jamais exact. Goût enveloppant, fragrances enivrantes, profil dynamique et forte sensation en bouche pour ne décrire que l’essentiel. L’expérience était engouffrante. Même à travers les multiples infusions, à travers les nuances florales et herbacées qui faisaient leur apparition, jamais n’avons-nous eu l’impression de saisir tout ce qu’il y avait à saisir. Le thé présentait une complexité et un équilibre aromatique véritablement remarquable.

Après sept ou huit infusions du Dong Ding de compétition mention spéciale #5, nous avons tourné notre attention vers d’autres thés, puis l’y avons ramené. Il lui en restait encore à offrir et nous étions avides d’en goûter plus. Mais la nuit progressait et le thé finalement s’amincit. Ne nous restait bientôt plus que la sensation délicieuse d’un moment exceptionnel à savourer.

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