Notes de dégustation : Pu Er sheng 2004 Changtai

23 mars 2020
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Puisque le printemps arrive, mais qu’il n’est pas encore là, la saison est encore belle pour profiter de notre sélection de thés vieillis. Les Pu Ers plus spécifiquement, avec leurs arômes terreux et forestiers, accompagnent à merveille la fonte des neiges. Une théière fumante ne manque jamais de réchauffer le cœur en attendant les premiers bourgeons. Lorsque souffle un dernier vent froid, mettez l’eau à bouillir et sortez votre théière yixing préférée, car l’heure est à la dégustation!

Pour cet article, Laurence, conseiller à la boutique du quartier Saint-Roch à Québec, nous fait part de ses impressions sur le thé Pu Er sheng 2004 Changtai. S’il attend comme tous l’arrivée imminente des premières récoltes de l’année, c’est tout de même avec grand plaisir qu’il profite de l’occasion pour déguster un de ses thés favoris.

Fondée au courant des années 1990 après la levée de l’interdiction sur la privatisation des entreprises par le gouvernement chinois, la compagnie Changtai s’est très rapidement taillé une place de choix sur le marché du Pu Er. En l’espace de quelques années seulement, elle propulse une micro entreprise du village de Yiwu vers une renommée époustouflante et s’impose comme l’une des plus importantes fabriques de thé actuelles. Les celliers les plus impressionnants comptent toujours bon nombre de leurs produits, particulièrement leurs millésimes 1999 à 2004 qui sont presque partout considérés comme leurs meilleurs.

Notre Pu Er sheng 2004 Changtai en est un excellent exemple de maîtrise des techniques de vieillissement traditionnelles. La qualité du matériel qui le compose ainsi qu’une quinzaine d’années d’entreposage à Hong Kong (où les conditions naturelles sont idéales pour le vieillissement) en ont fait un thé remarquable. Le climat chaud et humide qui règne sur la région à l’année longue a grandement favorisé son foisonnement bactérien, une condition essentielle à la fermentation des feuilles.  


Paramètres d’infusion : infusion en théière yixing de 110 ml, 5 g de thé, eau à 95 °C, avec un rinçage sur les feuilles.

Ce qui m’attire le plus chez le Pu Er sheng 2004 Changtai est son parfum incroyable de betterave et de terre à jardin. Au-delà de la qualité du thé en soi, de sa réputation ou de son vieillissement, les feuilles sèches sentent les souvenirs d’été à plein nez. J’aime le proposer en boutique et voir les clients sourire en sentant son odeur.


1ere infusion (30 sec)

Les feuilles humides gardent leur parfum de betterave. S’y ajoutent néanmoins des odeurs plus boisées de tabac et de cacao qui suggèrent une belle complexité. La liqueur est très douce en bouche et présente peu de tanins. Le thé montre une intensité aromatique presque à l’image des wulongs ou de certains thés blancs. Mais contrairement à ces derniers dont les arômes sont souvent légers et aériens, ceux du Changtai 2004 sont profonds et apaisants.


2e infusion (20 sec)

Les feuilles compactées en galette commencent à se défaire dans la théière. L’effervescence bactérienne qui accompagne le vieillissement à Hong Kong fait ressortir avec force les arômes de légumes racines. Carottes du jardin, pommes de terre, betterave… encore de la betterave. Le thé semble défini par ce goût terreux et fruité délicieusement apaisant.


3e infusion (20 sec)

Le thé étant fraîchement arrivé au Canada, la fermentation est encore très présente dans son profil gustatif. Les feuilles portent encore l’humidité et les bactéries du milieu d’entreposage, celles qui donnent ce goût de légumes racines et de betterave. Mais laissées plus longtemps en milieu sec, le thé finira par développer davantage ses accents fruités et boisés. C’est, à mon avis, le bon temps d’en profiter.

La troisième infusion révèle au nez des arômes de fruits : odeurs de dattes, de pruneaux, de figues…


4e, 5e et 6e infusion (30 sec)

Les arômes du thé portent de plus en plus vers le bois humide et le tabac frais. On le trouve plus aromatique, moins dense et minéral qu’aux premières infusions. La finale laisse un goût de bois humide et de feuilles mortes, comme un air d’automne dans la bouche.

Le thé se boit comme on prend une marche dans les bois à la fonte des neiges. Un véritable délice à savourer lentement et longuement en attendant le printemps.

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