Pu’Er Yibang Man Gong de M. Lei

9 mai 2019
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La réputation du thé Pu Er n’est plus à faire. Dans les grandes villes chinoises, à Hong Kong, à Taiwan, en Malaisie, dans tout l’Asie, l’Europe et même jusqu’à nous en Amérique du Nord, les amateurs sont nombreux qui aiment déguster ces thés. Et si l’on connaît de mieux en mieux la valeur du thé vieilli, il n’en reste pas moins que ce n’est pas tout ce que le terroir sait offrir. En fait, dans beaucoup de régions du Yunnan, les récoltes fraîches sont beaucoup plus prisées que celles qu’on aura entreposées plusieurs années. C’est la raison pour laquelle chaque printemps, les acheteurs se ruent vers les montagnes avec un engouement inégalé ailleurs dans l’univers du thé. Que ce soit pour visiter les jardins célèbres, pour déguster directement chez les producteur ou dans l’une des innombrables maisons de thés, ou que ce soit encore pour en ramener au pays et étoffer sa collection personnelle, on se déplace de loin pour venir passer quelques temps au chaud, dans le plus ancien terroir du monde, le berceau du thé.

S’il reste encore rare pour les producteurs du Yunnan de croiser un visage occidental, il n’en demeure pas moins qu’on nous aura vu dans plusieurs coins de la province. Parmi toutes nos visites, c’est celle au village de Man Gong, dans la montagne de Yibang, qui nous aura le plus marquée. L’endroit est à couper le souffle. Un paradis du thé comme on en trouve peu dans le monde : vieux théiers pleins les forêts, habitants souriants, maisons au style ancien et écosystème extrêmement vivant. Les villageois qui se sont enrichis ici très rapidement avec la culture du thé sont restés soucieux de préserver un esprit traditionnel (ce qui n’est pas le cas partout). Le producteur que nous y avons rencontré, M. Lei, est un homme plusieurs fois décoré pour sa technique de transformation qui, malgré tout, prend toujours soin de cuisiner les repas lui-même pour les invités et de tourner envers tous un regard doux et souriant. Ayant hérité des terres de sa famille (comme les autres habitants du village), il s’est retrouvé du jour au lendemain assis sur une mine d’or. Mais, il lui en aurait fallu davantage pour remplacer dans son jardin de vieux arbres les choux, les oignons et les courges qui poussent entre les racines.

Dans le Yunnan, là où la culture du thé remonte à des temps immémoriaux, il n’est pas rare de voir dans un jardin des théiers plusieurs fois centenaires cultivés avec attention depuis des générations. Non seulement la culture elle-même des théiers témoigne d’une tradition quasiment absente dans le reste du monde, mais les techniques de transformation des feuilles ont aussi bien peu changé : elles restent, somme toute, plutôt simples, voire plutôt rustiques. Ce qui distingue ce terroir des autres ne se trouve pas là. Cela se trouve directement dans la terre, dans les échanges qui se produisent entre la montagne et l’arbre pendant des siècles, dans la nature qui fait son chemin et qui donne à chaque printemps des bourgeons d’une qualité aromatique impossible à reproduire autrement.

Des jardins de M. Lei, nous avons choisi un lot de thé produit à partir de théiers plusieurs fois centenaires dont les qualités gustatives ne laissent aucun doute. Bu dans toute sa fraîcheur, il rappellera à certains le goût du thé vert chinois, mais ne manquera pas de dévoiler une intensité aromatique et une longueur franchement exceptionnelles, une texture généreuse, pleine de miel, de fleurs et d’herbes sauvages.
Vendu en petits lots de dix grammes, ce thé s’apprécie pleinement sur de multiples infusions. À l’image des vieux théiers, mieux vaut prendre son temps pour arriver au meilleur.

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