Thé et littérature : Yoko Ogawa + Nadeshiko

30 août 2018
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L'annulaire

L'étrangeté qui émane de cette nouvelle d'Ogawa est tout aussi repoussante que captivante; M. Deshimaru, personnage obscur et mystérieux, piquera certainement votre curiosité dès les premières pages. Taxidermiste du souvenir, cet homme insolite prend sous son aile une jeune assistante, la narratrice, qui nous relate son récit d'une atmosphère bien particulière. S'improvisant réceptionniste dans un laboratoire de spécimens, cette dernière doit accueillir les demandes on ne peut plus incongrues de clients qui désirent venir y entreposer des parcelles importantes de leur mémoire en les naturalisant. Construisant progressivement un suspense autour d'histoires de disparitions inexplicables, Ogawa fait preuve d'une remarquable maîtrise du détail; sa prose minimaliste laisse beaucoup de place à l'imagination de son lecteur, qui se fait prendre au jeu. Pour vous accompagner lors de votre visite de ce laboratoire sombre où se côtoient de curieux personnages, nous vous suggérons notre Nadeshiko, seul thé japonais qui ne soit pas vert sur notre carte. Celui-ci est absolument unique en son genre; intermédiaire entre un thé noir et un thé vieilli, ses feuilles très foncées et aromatiques résultent d'une fermentation microbiologique contrôlée. Sa liqueur d'un rouge profond réunit étrangement des notes de champignons et de gâteau aux fruits confits, qui sauront vous guider une gorgée à la fois vers la finale surprenante de L'annulaire, digne d'une grande nouvelliste.

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