
Thés vieillis : des grands crus d’exception
Depuis la première fois où j’ai pris la route du thé en Chine, en 2003, j’ai eu le privilège de déguster plusieurs grands thés précieux et rares. Quelle chance que de savourer un thé vert fraîchement récolté, transformé et tout juste sorti du wok chez un artisan en Chine, d’essayer à Wuyishan des thés de roche ayant remporté des compétitions nationales, des thés blancs récoltés avec la plus grande minutie à Fuding ou encore des maocha issus de théiers millénaires dans le Yunnan. Ceci dit, lorsque les gens me demandent quelles sont mes meilleures expériences de dégustation, les premiers souvenirs qui me viennent à l’esprit sont les dégustations de très vieux Pu Er que j’ai pu faire au fil des années. Comme à Taïwan, en 2007, alors qu’Hugo et moi suivions une formation sur le vieillissement des Pu Er dans l’idée de concevoir notre première cave de vieillissement. Notre formateur, M. Lin, avait clos la formation avec une belle surprise à déguster : un Tong Xing Hao 1934! Ou comme à Hong Kong en 2018 où, après presque 15 ans de relations d’affaires avec un fournisseur, j’ai (enfin) eu droit à la dégustation d’une galette « red mark » de 1950, un thé très prisé des collectionneurs. Deux exemples qui démontrent la rareté et l’exceptionnel qui prévaut dans cet univers. Ces deux thés, pratiquement impossibles à trouver, sont d’une immense valeur. Une seule galette de 357g peut valoir plusieurs centaines de milliers de dollar!
Chaque année, quelques amis fournisseurs me font parvenir des échantillons de vieux Pu Er à déguster avec notre équipe et les clients de l’atelier sur les vieux Pu Er. Jusqu’à présent, jamais nous n’avons proposé ces thés en boutique. Malgré l’expérience de dégustation exceptionnelle, le prix de ces thés freinait notre enthousiasme de les proposer à la vente. J’ai résisté plusieurs années, car le marché au Québec est fort différent de celui de la Chine. Mais, cette année, en dégustant un de mes coups de cœur avec l’équipe, nous en sommes venu à la conclusion qu’il fallait le rendre disponible à la clientèle puisqu’il dévoile une autre facette de l’univers du thé. Au-delà du prix, ce thé promet une expérience complexe de dégustation qui s’étirera sur plusieurs infusions successives d’une grande richesse.
C’est donc avec enthousiasme que nous vous proposons (en exclusivité web) le thé vieilli le plus précieux que nous n’ayons jamais vendu au Camellia : le Pu Er Sheng 1988 Menghai.
Notes de dégustation :
Voici une perle rare, un lot exceptionnel de thé Pu er de type sheng (cru) d’un millésime digne des plus grands collectionneurs. Maturé à Hong Kong de façon traditionnelle, ses feuilles proviennent d’une brique compressée il y a plus de 30 ans dans la célèbre fabrique de Menghai au Yunnan en Chine. Elles témoignent de la justesse du choix du cultivar Da Ye pour le vieillissement des thés, qui se bonifient mieux dans le temps grâce à ses qualités tanniques et minérales, mais illustrent aussi de l’attention qui fut portée à chaque étape de la transformation. Le thé a donc pu se polir lentement pour donner un produit riche en complexité et offrir une générosité d’infusion, signature des grands thés vieillis.
La liqueur sombre est d’une belle densité. L’entrée en bouche se fait doucement à travers des notes boisées et terreuses de champignons, de feuilles mortes, d’écorce et de lichen, mais évolue rapidement vers une légère astringence et une assise minérale (roche humide), créant un effet frais et mentholé en gorge. L’équilibre est parfait entre les tanins, et la finale sucrée nous rappelle les légumes de terre (betterave) et le chocolat noir.
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